A la découverte des saveurs chinoises

En voyage en Asie, rien de tel qu’un tour au marché pour faire connaissance avec la nourriture chinoise, la vraie

 

Ce soir à Malacca, Malaisie, c’est marché de nuit. Les rues de Chinatown sont bondées de camelots et de touristes. La nourriture de rue est partout et les terrasses sont pleines. Comme son nom l’indique, Chinatown est le quartier chinois.
Plein de chinois donc, qui parlent, mangent, décorent et vendent chinois. Seuls les prix annoncés sont lisibles, quant à ce qui est vendu, il faut deviner car justement c’est du chinois. 

Les camelots ne parlent pas beaucoup anglais et n’aiment pas trop prendre le temps de discuter car ils sont trop affairés pour ça. Ils ne sourient pas non plus, ils remplissent les bols, les assiettes, les boites mécaniquement sans même regarder le client et n’hésitent pas à envoyer paître le voyageur curieux de saveurs inattendues. La nourriture ici, c’est avant tout du business. Ce qui me conforte dans l’idée que toutes ces émissions culinaires du bout du monde devant lesquelles on salive sont extrêmement jouées et scénarisées. On commande, on paye, on mange et il faut vite laisser sa place au suivant, sinon, on risque de se faire déloger sans ménagement pas le vendeur. Vous voilà prévenu, mais que cela ne vous dissuade pas de faire un test à l’aveugle, c’est très dépaysant !

Les glaces ressemblent à des œufs, les œufs ressemblent à du pâté, le pâté ressemble à un cake et les cakes ressemblent à des biscottes…

 

Ici on passe des tiges de canne à sucre dans une machine qui leur fait rendre leur jus, là on fabrique des drôles de pains épais, blancs et mous comme des œufs à la neige, là encore on met en sachets quelques chose qui ressemble à du caramel, dur comme du caramel, de la couleur du caramel, qui colle aux dents comme… mais bon ça n’a pas le goût du caramel. Normal, c’est chinois.

 

Dans une épicerie chinoise, quand les aliments ne sont pas encore cuisinés, c’est encore plus surprenant


La visite d’une épicerie chinoise réputée de Chinatown offrira son lot de surprises mais hélas, les photos sont interdites. Les propriétaires ne me lâchent pas d’une semelle dans mon exploration et ne se montrent pas du tout aimables, au contraire. C’est un peu comme si je tentai d’enquêter sur un site nucléaire clandestin. Je ne comprends pas de quoi ils ont peur comme ça, je ne fais pourtant que regarder de près des aliments et des boites de conserves. Cette méfiance ne me facilite pas la tâche car c’est très difficile de se faire décrire ce qu’il y a dans ces drôles de gâteaux blancs ou dans ces petits sacs en plastique, ces récipients où saurent d’étranges créatures inconnues. Dans des bocaux tout droits sortis d’un laboratoire médical marinent des créatures étranges de couleur…surprenantes et à l’odeur très… déstabilisante.
Je reconnais quand même des concombres de mers de toutes tailles, noirs, gris ou marrons, des poissons rabougris, des pétoncles, des moules et des champignons séchés, quelques fruits secs bien connus mais pour le reste je suis perplexe. Les baies fripées, les fruits ou légumes découpés de savante façon marinant dans un liquide flou et des choses ressemblant à des morceaux de polyuréthane expansé resteront mystérieuses.

La couleur des aliments pour mes yeux d’européenne m’alarme sur la fraîcheur du produit : c’est verdâtre comme du moisi

Quant à l’odeur, elle me met en garde sur le temps que je vais passer chez le médecin après l’avoir avalé car, ça sent le moisi ! Pour décrire le goût, il faudrait utiliser des mots savants chers aux œnologues et aux créateurs de parfums tant il est complexe. C’est tellement mélangé ! Fort, écœurant, boisé, racineux, lourd ou nerveux. Impossible de trouver une saveur simple, facilement identifiable.

Dans la cuisine chinoise, chaque sauce, chaque plat se compose d’une centaine d’ingrédients

Je goûte la sauce soja amère aux relents de mollusque séché un peu douteux à l’odeur très forte et peu appétissante. Puis vient la viande caramélisée dans laquelle je retrouve du melon (mais est-ce bien du melon ?) pas sucré et un arrière goût de banane le tout mijotant dans une sauce noire soyeuse et épaisse.
Je tente des petits gâteaux forts tentants mais faits de beurre et de farine, gras en bouche et peu parfumés, donc pas très intéressants… mais joliment décorés.

Je me rend compte alors que ce que nous connaissons de la cuisine chinoise est très adapté à nos papilles occidentales. Ce que nous dégustons dans un restaurant chinois de New York ou de Frankfort n’a pas grand chose en commun avec les plats que je vois défiler sur les tables et sur les étals.
Raison de plus pour tester, le voyage c’est aussi une grande aventure gastronomique.
Il serait injuste de vous dresser un portrait culinaire peu ragoûtant. Il y a aussi des raviolis délicats cuits à la vapeur, très bons, mais ils n’ont pas du tout le même parfum que ceux que nous connaissons en Europe. Chaque essai est surprenant.
En absence de traducteur, de cuisinier près à partager son savoir-faire pour faire son initiation, en Asie, il faut avoir l’estomac bien accroché car pour en avoir le c
œur net, il faut goûter ! Alors courage et bon appétit !

Le voyage donne du goût à la vie... et quelle saveur !

Il arrive parfois que la nostalgie gastronomique gagne le voyageur le plus aguerri ! Que voulez-vous, les français sont trop gâtés par la gastronomie française !

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