Découvrir de nouvelles cuisines en voyage est un vrai plaisir, mais parfois, la nostalgie de la cuisine française se fait sentir : c’est le coup de blues gastronomique !
Il y a des pays dans lesquels la gastronomie est assez répétitive. Le dépaysement, l’appétit de découverte fait que l’on s’en plaint rarement. Si l’on va voir ailleurs, c’est bien pour goûter à de nouveaux plats ! Pourtant, le coup de blues peut arriver sur le bord de l’assiette ou le bout des baguettes
Lorsqu’il s’agit d’un très long voyage type tour du monde ou d’une année sabbatique, la lassitude en général et alimentaire en particulier peut commencer à se faire sentir. Il en va ainsi pour le riz en Asie, le Pat-tai en Thaïlande aussi savoureux soit-il.
Les français en général sont très gâtés par le choix, la diversité et le savoir-faire gastronomique. Toutes les nationalités ne sont pas égales face au food blues. Ceux qui sont habitués à la malbouffe parce qu’elle est culturelle trouvent dans tous les pays du monde des hamburgers et des frites produits localement ou vendus dans des chaines de fast food internationales.
Le Food blues est très sérieux : certains voyageurs perdent l’appétit pour de nouvelles saveurs ou même l’appétit pour le voyage en général !
Le food blues peut être passager mais pas toujours. Ce désir de manger ces aliments et spécialités du pays natal quitte à en perdre l’appétit de nouvelles saveurs dit beaucoup de choses sur notre état d’esprit. Cette nostalgie gastronomique prend racine dans différents besoins.
Le besoin de retrouver son environnement culturel
Ce mal de bouffe crie notre désir d’affirmer son appartenance culturelle. Dans certains pays par exemple, le repas se fait seul, debout, dans la rue, à la va-vite. Les repas pris en groupe sont réservés aux festivités, aux noces ou aux cérémonies religieuses. En France, les repas sont certes l’occasion de se nourrir mais aussi et surtout un moment d’échange, de communication, un temps de retrouvailles. On discute, on savoure, c’est au moment du repas que l’on se retrouve. C’est là que l’on parle de tout, de soi et du rôti qui manque d’un soupçon de sel. En voyage, ils seront difficiles à trouver ces repas ou nourritures et francophones se trouveraient réunit au moment du diner ! Quand on voyage seul, on mange aussi souvent seul ou avec les locaux, dans la langue du pays et là, la conversation n’est pas facile, aisée, spontanée.
Loin de votre pays depuis de longs mois, il se peut que ce besoin de vous retrouver avec vos proches, de parler, s’exprime par cette fringale de fromage, de quiche lorraine ou de tartelette au citron.
Le besoin de nourriture qui réconforte
Il n’est nul besoin de traverser une grosse déprime pour avoir envie de croquer dans une tablette de chocolat ou un steak au poivre. Il s’agit juste parfois de lassitude. Manger chaque jour du riz ou du foul quand on est habitué aux menus européens, voilà de quoi désespérer le plus aventurier des voyageurs !
Le voyage et les sensibilités alimentaires
Certains voyageurs ont des papilles plus exigeantes que d’autres. Certains s’accommodent de tout alors que d’autres refuseront tout net un plat inconnu. Il ne s’agit pas de caprice mais de capacité. J’ai vu des voyageurs vomir pour avoir goûté au Kumis (le lait de jument fermenté cher à l’Asie centrale) ou se sentir mal après une soupe aux ingrédients inavouables. Ces voyageurs-là seront bien évidemment plus sensible au blues gastronomique lors d’un voyage au long cours.
Les régimes spécifiques en voyage
Un végétarien ou un végan en Mongolie va traverser des moments difficiles. Il a grandement intérêt à faire sa propre cuisine car là-bas on consomme beaucoup de viande. Il risque d’être souvent écoeuré et de manger toujours la même chose durant son séjour. Les voyageurs qui ont des régimes alimentaires spécifiques sont les victimes idéales d’un coup de food-blues.
Alors que faire ? On stoppe net le grand voyage pour une baguette et une tarte tatin ? Non, bien sûr ! Voici quelques idées !
Dans ces moments de faiblesse, il ne faut pas hésiter à pactiser avec le diable : se rendre dans un restaurant à touristes pour combattre ce coup de blues gastronomique !
Avec de la chance et en sabotant un peu le budget on accédera à un repas « comme à la maison » avec qui sait, un petit verre de vin en bonus.
Avec un peu de chance il sera mauvais, largement en dessous de l’original dont vous avez l’habitude et sera facturé trop cher. Une fois la déception passée, vous rêverez alors, couché dans votre petit lit d’hostel, du repas qui vous attendra en France, mitonné par la famille ou les copains. Rassénéré et rassasié, vous vous réveillerez le lendemain prêt pour de nouvelles aventures gastronomiques. Les marchés locaux vous rempliront de bonheur, les sauterelles et soupes savoureuses vous ferons de nouveau envie.
Trouver un endroit où il est possible de cuisiner
Trouver des compatriotes qui sont installés dans le pays que vous visitez
Les réseaux sociaux peuvent vous être d’un grand secours pour trouver des compatriotes qui résident dans le pays : des expats ! Il existe beaucoup de groupes qui proposent des repas en communs, des sorties. Cela vous fera certainement beaucoup de bien d’y participer. Ils auront sans doute des endroits à vous recommander pour manger car ils savent mieux que personne ce que c’est que d’avoir le mal du pays !
Il y a une alliance française dans de très nombreux pays. Passez y faire un tour et voyez si des animations, des soirées y sont proposées.
Capable de manger à peu près n’importe quoi, j’ai souvent eu un coup de blues gastronomique en cours de voyage !
J’ai mangé tellement de riz en Asie que j’écrivais à mes proches : « Depuis, je vois des montagnes de riz partout : dans le paysage, dans le ciel, dans les lacs, dans mon assiette du dîner, mon bol de petit-déjeuner, mon lunch de midi… du riz blanc, collant, gluant, sucré, à la banane, à la noix de coco, au piment, aux légumes, frit, en bouillon, en soupe, en crêpe, en alcool, du riz, du riz et encore du riz. Je rêve d’entrecôte, de cassoulet, de tartiflette. En 6 ans de voyage, j’ai mangé du riz pour le reste de ma vie ! »
J’attendais avec impatience de remanger du vrai pain craquant dehors, moelleux dedans, et surtout, surtout, de retrouver quelque chose qui ressemblerai à du fromage
Rien que d’y penser j’en avais l’eau à la bouche. Un vrai coup de blues !
Je voyais des Saint Félicien, du Beaufort doré, du Brillat-Savarin dans son manteau blanc velouté, du Brie de Meaux parfumé, du camembert au lait cru, moulé à la louche. Ah, et du vin aussi ! Du bon vin plein d’arômes de fruits, charpenté, boisé.
Je me souviens avoir parcouru des kilomètres dans des villes comme Le Caire, Livingstone (Zambie) ou Durban (Afrique du Sud) avant de trouver quelque chose qui me mette en appétit. On ne s’en rend vraiment compte qu’une fois loin de la maison mais certains pays ont des gastronomies très répétitives comparé à l’Europe. En Afrique, je mangeai du N’shima à tous les repas, au Népal, c’était le Dahl Bat et des boulettes sous toutes les formes en Roumanie !
Mon rêve de repas à mon retour se composait de Crozes-Hermitage sombre et élégant, d’un énorme steak épais de 5 cm, d’un beau morceau de Roquefort, de pain au levain craquant et de mousse au chocolat démoniaque, noire, crémeuse dans laquelle on pouvait planter une petite cuillère sans qu’elle ne retombe. Mais surtout, plus jamais de riz !