Les arnaques en voyage : comment les repérer et les éviter

Vous êtes en voyage, ouvert aux autres, avide d’échanges, de rencontres et d’amitié. Hélas, l’arnaque fait aussi partie du programme ! Voici quelques astuces pour ne pas se transormer en pigeon… voyageur

Le but de cet article n’est pas de vous transformer en paranoïaque, au contraire. Mieux informé des arnaques possibles, vous serez plus serein et ferez plus facilement le tri de ce ceux qui vous veulent du bien et ceux qui veulent vous plumer.
Sachez cependant que les voyageurs les plus aguerris se font aussi avoir. Même en faisant attention, il arrive que l’on tombe dans les filets d’un roublard. L’entourloupe est leur fond de commerce, ils savent s’y prendre et nous y prendre, c’est comme ça. Ne vous jetez pas la pierre, les arnaques sont parfois si bien montées qu’il est très difficile d’avoir des soupçons !

Certains arnaqueurs fonctionnent à l’autorité et n’hésitent pas à avoir le verbe fort pour assommer le pigeon

On peut s’étonner du nombre d’arnaques qui fonctionnent à l’autorité. J’ai vu des voyageurs claquer 100$ dans des souks pour des choses qu’ils ne voulaient rien acheter. Ils se sont sentis obligés, dominés, intimidés. Effrayés par les conséquences d’un refus, ils ont ouvert leur bourse. C’est de l’arnaque, le but étant de vous soutirer le plus possible d’argent en vous impressionnant.
Il existe bien des façons de prendre le dessus sur un étranger. Les arnaqueurs s’appuient sur votre ignorance du terrain, ils vont vous faire peur avec des mises en garde contre des dangers imaginaires (ne vas pas par là, c’est un vrai coupe-gorge) ou tout simplement vous sermonner sur votre façon de vous comporter : dans mon pays on ne refuse pas une invitation, se montrer méfiant est une offense, etc. A partir de là, ils vous manipuleront pour obtenir ce qu’ils veulent.

Need some help, besoin d’aide ? Comme c’est gentil de se montrer si prévenant ! Attention ce n’est pas toujours gratuit, c’est peut-être une arnaque !

Plus décevant encore, on vous aborde parce que vous avez l’air perdu et on vous accompagne gentiment… puis on vous demande de l’argent pour vous avoir guidé. L’aide n’est pas toujours aussi désintéressée (mais pas systématiquement) qu’elle en a l’air. Dans de nombreux cas, ces personnes providentielles ne sont pas là par hasard. Elles font le guet et attendent de repérer des étrangers égarés : grands carrefours, bouches de métro, dédale de ruelles… Puisqu’ils vous ont tiré de cette mauvaise passe, il leur paraîtra légitime de vous soutirer quelques pièces. Difficile par la suite de les empêcher de vous coller au train jusqu’à ce que vous ouvriez votre porte-monnaie.

Que faire en cas d’arnaque au « coup de main » ?
Avant d’accepter de l’aide, mettez les choses au clair : si elle doit aboutir à une rétribution, déclinez-là (je ne te donnerai pas d’argent, no money!). C’est parfois un peu abrupt mais ça a le mérite d’éviter tout malentendu. Il y a fort à parier qu’une fois l’annonce faite, on vous laisse en plan. Si vous souhaitez utiliser les services de cette personne pour vous guider, pourquoi pas ? Mais fixez le prix au départ, négociez ! Vous vous quitterez amicalement et tout le monde sera content. Vous, car vous aurez beaucoup appris de cette balade, et votre « guide » qui aura gagné sa journée.

Passez à la caisse sans aller dans le magasin : on vous invite à la maison comme un ami et on facture la visite : c’est l’arnaque à l’hospitalité !

 Vous êtes magnifique, vous êtes un frère, une sœur ! On vous entraîne dans la maison pour boire un thé familial et crac !, tôt ou tard, un étalage de babioles apparaîtra devant vous. Coupable d’avoir bu et s’être assis, le voyageur se sent alors goujat de refuser d’acheter quelque chose… au prix fort puisque vous êtes un ami ! Parfois, c’est juste le thé qui sera facturé… au prix du champagne.

Mention spéciale pour pauvres petites femmes seules au coeur tendre

Attention à ceux qui veulent vous faire croire que vous êtes une gentille petite femme perdue, proie idéale des grands méchants loups qui vous guettent partout ! Cette façon de faire est récurrente dans bien des pays où la femme est une petite chose fragile et infantilisée tout au long de sa vie.
Renvoyez avec fermeté le type qui vous prend par la main avec autorité et vous entraîne dans sa boutique… ou ailleurs. Fuyez les hommes qui d’entrée ont une attitude trop paternelle, dominante ou, au mieux, montrez-leur à qui ils ont à faire.
Attention à ceux qui vous poussent, vous attrapent le bras, vous font barrent le passage. Passez en mode défense, mettez la distance d’un bras tendu entre vous et dites-le clair et fort : vous êtes trop près de moi !

Les arnaques à l’échange culturel et à l’étranger sauveur

Les arnaqueurs connaissent les rouages du « mode voyageur » : le désir d’échange culturel, de rencontres et parfois, jouent sur votre culpabilité d’être né privilégié.
On vous explique que la vie est dure, la maman malade, la famille qui trime pour s’en sortir… Ne vous laissez pas avoir par leur sourire et parfois leur gaieté qui montre à quel point ils ont du courage. Ils savent très bien ce qu’ils font. Ils jouent la carte de l’échange culturel, de ces 50$ qui ne sont rien pour vous mais qui peuvent tout changer pour eux ou des foulards tissés par les femmes du village à la sueur de leur front…
Ces 50$ vont sûrement finir en beuverie ou paris et les foulards sont peut-être made in China !
Evitez toute condescendance ou empathie excessive, c’est là-dessus que repose le stratagème. Vous êtes en voyage, vous n’êtes pas obligé de devenir l’ami intime de tout le monde, le sauveur des peuples opprimés, surtout si cela repose sur de l’argent.
Les plus belles aventures humaines ne sont pas vénales. Ces petites sommes qui ne vous coûtent rien données de bon coeur entretiennent l’idée que les voyageurs sont juste bons à se faire plumer, avec bonne conscience des deux côtés : les locaux pensent que vous êtes plein aux as, qu’un petit billet ce n’est rien pour vous et les voyageurs ont l’impression de sauver le monde.
Tout cela créé et entretient des relations humaines pourries, artificielles et souvent mensongères.