Le voyage vous enchante et vous épanouit, tout va bien, mieux que jamais. Alors pourquoi ce soudain coup de blues, ce sentiment de solitude ?
Vous voilà lancé dans l’aventure du grand voyage. Chaque jour vous réalisez que tout est bien plus facile que ce que vous aviez imaginé. Les galères ne sont pas si nombreuses et la plupart du temps elles vous donnent de bonnes leçons de vie et vous rendent plus flexible, plus heureux.
A votre grande surprise, vous n’avez jamais été aussi entouré qu’en voyage. Dans votre hostel, vous papotez avec les autres voyageurs, vous vous groupez pour les sorties. Dans la rue, il y a toujours quelqu’un pour engager la conversation, les gens se lient facilement.
Il est loin votre plateau télé en solitaire ! Fini les courses au supermarché anonyme et envolées les relations toujours occupées, débordées lorsqu’il s’agit d’aller boire un café.
Du côté des réseaux sociaux, vous êtes hyperactif ! Que de Likes en réponse à vos photos de voyage !
Tout va très bien donc, alors pourquoi ce sentiment de solitude, ce blues gluant vous accable-t’il alors que vous n’avez jamais été aussi bien entouré ? Tout vous enchante, tout vous émerveille et patatras ! Vous voilà submergé par une vague de tristesse, un tsunami silencieux de nostalgie.
Se sentir seul alors qu’on est pas seul, un vrai paradoxe
« Pourquoi ces rivières, soudain sur nos joues qui coulent ?
Dans la fourmilière, c’est l’ultra-moderne solitude«
Souchon le chante et illustre si bien ce sentiment de solitude, cette sensation de vide qui tout à coup nous étreint le coeur, qu’elle suffirait presque à répondre à la question.
Ce coup de blues du voyage en solo est fréquent, le sentiment de solitude au beau milieu de la foule peut aussi nous saisir au bout du monde.
C’est peut-être justement à cause de cette ébullition d’émotions positives que tout à coup, tout vous accable ?
Voyager seul est une chance, une expérience constructive et puissante qui nous aide à trouver en soi la force, la détermination et l’aptitude au bonheur dont nous pensions être démuni. Mais être seul pour les animaux sociaux que sont les humains est parfois bien pesant. Il manque parfois celui ou celle qui partagerait ces aventures-là, qui s’en souviendrait avec vous. Celui ou celle qui vous regarde et observe cette métamorphose, cet épanouissement, qui en est témoin.
Ce lien fort peut venir à manquer au plus téméraire des aventuriers.
Se construire ou se reconstruire seul c’est plus difficile qu’à deux
Se construire seul est parfois difficile non pas seulement parce que nous devons faire tout le travail, mais par peur de rester seul une fois le chemin vers l’épanouissement parcouru. Se trouver, se redresser seul permet de mieux savoir qui on est et ce que l’on veut, il faut s’affirmer ! Pas de panique, cette étape ne mène pas à une vie recluse loin du monde, au contraire, elle permet d’appréhender plus facilement le rapport aux autres.
Le sentiment de solitude du voyage reflète parfois un manque affectif, le voyage est parfois long
Si le voyage nous apprend à tenir sur nos deux jambes sans béquilles, affective ou matérielle, un voyage en solo peut mettre notre besoin d’amour à la rude épreuve de la solitude. Si vous avez toujours vécu en couple ou en famille, lorsque l’effervescence des premiers mois s’apaise, c’est là que le coup de blues apparait. C’est normal, mais ils ne sont pas si peu nombreux les voyageurs qui s’écroulent au bout de quelques semaines ne supportant plus le manque des proches ou de l’amoureux resté au bercail. Au bout de quelques jours, l’enthousiasme reprendra le dessus.
Ce sentiment de solitude peut aider à prendre conscience d’un schéma toxique et étouffant
Certains voyageurs se plient à de bien grands sacrifices. Loin de tout, ils devraient être libérés de leurs chaînes. Pourtant, elles se resserrent : les appels téléphoniques quotidiens les empêchent d’être flexibles et de faire de leurs journées ou de leurs nuits ce que bon leur semblent.
Ils doivent absolument rentrer à l’hôtel, comme on rentre à la maison pour être là, au rendez-vous, au garde à vous… Cet étrange ballet n’est pas unidirectionnel. Cette dictature du contrôle par delà les frontières est parfois à l’initiative de ceux qui sont restés au pays mais aussi celle du voyageur.
Pas étonnant alors que le blues de la solitude pointe son nez. A force d’être « avec eux » et seul à la fois, le psychisme s’emmêle un peu les idées. Cet entre deux chaises finit par donner mal au coeur et à l’âme.
Ne serait-il pas temps de prendre une décision ?
Les nuances du manque affectif sont nombreuses. De la personne totalement insécure qui ne peut s’aventurer nulle-part sans tenir la main de son compagnon à ceux qui se barricadent dans la solitude par peur du manque, il y a grand choix
Ce sentiment de solitude reflète peut-être ce tiraillement entre désir de liberté, donc de solitude à celui du manque d’amour.
Heureusement, ces passages à vide sont ponctuels et l’enrichissement que représente le voyage reprend vite ses droits et le blues disparaîtra aussi vite qu’il est venu.
Si ces crises passagères sont surmontées, elles apprennent que l’amour à bien des formes, que le monde est vaste et qu’il est possible d’être épanoui-e loin des standards sociaux. Le voyage au long-cours en solo ne vous transformera pas en ermite rongé de solitude mais changera certainement profondément votre capacité à être seul-e… et heureux-se.
Tout ça c’est bien joli mais que faire contre ce coup de blues ?
Réfléchir !
Il est bienvenu de se demander ce qui nous manque vraiment. Une béquille, un guide, un tuteur, un complice ? Prenez le temps d’analyser d’où vient ce sentiment de vide. Une rapide introspection peut vaincre le malaise.
Se poser des questions sur les besoins qui apparemment ne sont pas comblés, même en voyage, même dans ce changement de vie que vous avez tout fait pour réaliser. Vous y verrez sans doute l’évidence que cette solitude n’est pas la cause mais la conséquence d’une attente peut-être trop importante, impossible à combler.
Ne vous isolez pas, reliez-vous
Dans ces moments de houle ne vous repliez pas sur vous-même. C’est justement le moment de demander aux autres voyageurs s’ils n’auraient pas envie d’aller boire un verre ou de sortir faire un tour. Plus vous vous centrerez sur votre malaise, plus vous en souffrirez.
Repassez en mode positif
Regardez autour de vous, pensez aux derniers mois, aux prochains jours. Souvenez-vous de toutes ces belles choses que vous avez eu la chance de voir, de contempler. Pensez à toutes ces rencontres, considérez le chemin parcouru. Observez ce qui vous entoure avec sincérité. Avez-vous faim, froid ? Etes vous harcelé, battu, réprimé ? Vous êtes au bout du monde, vous allez à la rencontre de l’inconnu, cet inconnu qui est en vous.
Intéressez-vous aux autres
C’est une attitude qui convient au quotidien mais en cas de crise de blues, elle l’est davantage. Rapprochez-vous des autres, écoutez leurs histoires. Hé oui, pour recevoir, il faut souvent commencer par donner !
Qu’il s’agisse du veilleur de nuit, d’un compagnon de dortoir, d’un voisin de palier, tout est bon pour rompre la solitude.
Projetez-vous : demain est un autre jour
Qu’allez-vous faire demain ? Quelles activités avez-vous envisagées ? Il est peut-être temps de se joindre au free-walking-tour, à une excursion ou d’aller visiter un musée.
Au final, prenez un peu de repos, ralentissez le rythme et après une vraie bonne nuit de sommeil, vous vous sentirez sûrement d’attaque.
Si tout cela ne vous remonte pas le moral, pensez que vous êtes en train de réaliser ce que peu d’entre nous peuvent se permettre. Profitez de cette très précieuse liberté !
