Partir en voyage, c’est bien, mais il faudra bien revenir ! Tout ce qu’il faut savoir pour bien préparer son retour

Revenir après un grand voyage auprès de sa famille ce n’est pas anodin. Ce retour, les voyageurs l’appréhendent ou le redoutent et ils ont bien raison ! 

Nous avons tous une histoire, un écosystème familial différent. Le partir et le revenir prennent pour chacun des sens divers et variés.
La réadaptation à la routine, le choc des cultures, la métamorphose du voyageur, l’accueil réservé à celui qui, parti depuis longtemps, revient de loin…
Le retour peut être merveilleux, fort en émotions ou catastrophique. Comment bien se préparer, comment gérer lorsque ça se passe mal ? Voici quelques éléments de réponse. 

Le cercle et le rang : comprendre son système familial et social pour éviter les déceptions au retour du voyage

Mais pourquoi diable parle t’on de ça dans cet article ? Pour comprendre la mécanique des départs et des retours, il faut réfléchir un peu sur la façon dont est « construit » le système familial et social de chacun.

Cela permet de mieux se projeter et d’anticiper ce qu’il vous attendra au retour. D’Ulysse au retour de l’enfant prodigue (la bible) de nombreux auteurs ont écrit sur ce sujet avec talent, dont Monsieur Kundera dont je m’inspire un peu ici.

Qu’est-ce qu’un cercle, qu’est-ce qu’un rang ?

 

 

Le cercle protège, le cercle entoure, le cercle enferme

 

Il est difficile de rentrer dans un cercle. Celui-ci doit s’ouvrir pour vous laisser rentrer. Pour cela il se met en danger, un peu comme une bulle de savon qui éclate au contact d’un corps « étranger ».
S’il s’ouvre, après vous avoir laissé entrer, il doit se refermer. Idem lorsque vous quitterez le cercle et il continuera à tourner sans vous.
Le cercle ne comporte pas que des inconvénients. Son côté fermé protège ceux qui le composent, la mise en commun, la synergie est plus efficace. Plus sélectif aussi, il permet de concentrer des éléments ayant des buts communs, des caractéristiques similaires. Dans les cas plus poussés, le cercle peut se transformer en vase clos, en prison. Son fonctionnement placentaire, protecteur à l’extrême oblige les adhérents à davantage se conformer aux règles, aux codes, au système. Cette harmonie est garante de sécurité et de stabilité. Avec le cercle, difficile d’être sûr qu’il laisse revenir en son sein, en son centre ceux qui en sont partis.

Le rang accueille tout le monde, le rang est impersonnel et peu sélectif

 

Le rang est beaucoup plus simple, plus binaire. Pas de clés, moins de conditions. Il reste toujours ouvert. On rentre et sort sans que le mouvement impacte de quelconque façon l’équilibre du groupe. Le rang va juste se resserrer et combler le vide de votre départ et pour le réintégrer, c’est tout aussi facile, on se positionne à l’extrémité ouverte et vous voilà redevenu membre.
Le rang n’est pas synonyme d’anarchie pour autant, il a aussi ses règles. Moins productif, les énergies, les échanges sont moins efficients. La force du rang, c’est le nombre d’éléments qui le composent. S’il existe des cercles restreints, la notion de rang restreint est incongrue.

Et vous, faites-vous partie d’un cercle ou d’un rang ?

 

Prenez le temps d’une petite introspection avant de revenir. Le temps du vol retour devrait suffire, pas besoin de partir méditer pendant une semaine. Il ne s’agit pas de sombrer dans des suppositions sans fin mais de savoir, plus ou moins, à quoi vous attendre. Posez-vous quelques questions simples. Le retour ne sera peut-être pas plus facile mais au moins vous serez préparé.

Vous laisse-t-on partir avec l’assurance de vous ouvrir la porte lorsque vous reviendrez ?

Quelle confiance mettez-vous dans la façon dont vous recevra la société à votre retour : comme un déserteur ou comme celui qui revient de mission ?
Votre cercle sera t’il en mesure d’accepter celui ou celle que vous êtes devenu ? Va t’il applaudir votre métamorphose ou bien au contraire l’ignorer, la dénigrer ?
Car c’est une chose d’aimer et chérir celui qui se conforme à un système, c’en est une autre de le voir revenir transformé, chargé d’idées et d’expériences nouvelles.

Comment l’imaginez-vous ce retour-là ?

Comme un exilé, un aventurier, un explorateur, un fainéant, un perdu, un vaincu, un challenger, une bête curieuse, un pariât ou un héros ?
Vos proches vont-ils considérer votre périple comme du temps gâché ou un rêve digne de tous les sacrifices ?
Votre retour sera t’il béni ou maudit ?
Vous attendez-vous des embrassades, des mots doux, des ‘tu nous as tant manqué » ou bien à de l’indifférence ?

Le voyageur qui revient de sa grande aventure est dans un état de fragilité. Les offenses, les contrariétés peuvent être très dures à encaisser !

 
 

Un retour de voyage difficile peut avoir de bien fâcheuses répercussions. Le voyageur qui revient de sa grande aventure est dans un état de fragilité. Les offenses, les contrariétés peuvent être très dures à encaisser. Il est complètement déphasé et réagit à fleur de peau. A la fois heureux de revoir les proches et triste de mettre fin à une grande aventure il est face à des sentiments contradictoires et ses attentes sont importantes. Voici quelques conseils pour que tout se passe bien !

Les larmes d’Anaïs

Lorsque je suis revenue de mon petit tour en Asie (15 mois), mon grand fils qui vit encore à la maison à ce moment-là me propose de rencontrer Anaïs, une de ses amies qui revient d’un périple d’un an en Australie.
Je suis enchantée, elle passe à la maison pour un apéro-papote. Anaïs a 20 ans, elle est drôle, bavarde et sourit beaucoup. Elle respire la confiance en elle. Elle entre dans la cuisine comme un courant d’air frais et parfumé. Son visage encore poupon est couronné d’un incendie de cheveux blonds. Elle est très jolie et dans ses yeux on lit des ciels bleus, des déserts orange et des mers turquoise.

Je la bombarde de questions, quoi, où, qui, comment ? Qu’a-t-elle vécu là-bas, qu’a-t-elle appris ? Est-elle différente ?
Elle s’embrase, gesticule, gigote sur sa chaise. Elle irradie d’allégresse, son visage rayonne, son sourire est lumineux.
L’Australie, c’était wahoooAprès avoir survolé les plaines et les déserts, les copains, les galères, je lui demande comment se passe le retour, l’atterrissage, la réadaptation à la France. Aïe, aïe, aïe, la voilà qui fond en larmes. Sa tristesse est si soudaine que mon grand fils quitte la table, gêné, me lançant un regard furieux comme si j’avais dit quelque-chose de terrible. Anaïs ne pleure pas l’Australie, Anaïs pleure la réaction de son cercle. 

« C’est la première fois depuis 1 mois que quelqu’un s’intéresse à mon voyage ! Personne ne me pose jamais de questions ! C’est l’omerta totale !« 

Elle est submergée par un vrai désespoir mêlé de colère. Je ne comprends que trop bien. Mon Himalaya, mes crocodiles et mes jungles n’intéressent personne, surtout pas mes enfants. Mais moi au moins, j’ai 45 ans ! J’ai déjà vaincu les cauchemars des tout-petits, les démons des adolescents, les retours de bâtons alors que « je pensais bien faire » et les échecs cuisants. Anaïs se prend une véritable volée de bois vert en pleine tête. Elle ne comprend pas. Elle ressent cette situation comme une cruelle injustice, une mise au placard, un ostracisme violent. Ils sont fous de joie de revoir leur petite, ce sont certainement les meilleurs parents du monde. Mais ils ne veulent pas reconnaître la « nouvelle » Anaïs, ils ont l’impression de l’avoir retrouvée pour la perdre plus encore. Ils ne reconnaissent pas leur protégée (qui n’a plus besoin d’être protégée), leur petite (devenue grande) et ils prennent la baffe de leur vie : leur enfant n’est plus leur enfant. Elle est devenue adulte : elle n’a plus besoin d’eux. 
Elle est partie loin, s’est attachée à d’autres personnes, a découvert un monde de requins, de kangourous, de crotales. Un monde sans eux, un monde étranger dont ils sont exclus. Ils se sentent inutiles, dépassés. Que peuvent-ils faire d’autre que de lui imposer le silence pour se protéger de l’affront, eux qui ont été jusque-là, le centre de sa vie ? Anaïs revient chez elle le coeur et la tête chargés de choses à partager mais personne ne veut prendre part au festin. De plus, cette lumière, cette joie que ressent Anaïs lorsqu’elle s’enflamme de ces récits d’aventure les rendent jaloux ! Elle doit entendre « puisque c’était si bien, t’avais qu’à rester là-bas !« 

Bien sûr, c’était une situation de crise et depuis, j’espère que les choses se sont réorganisées, dépassionnées. Anaïs aime ses proches et ses proches l’aiment aussi. Les parents ne deviennent pas inutiles lorsque leurs petits grandissent. Les enfants ne se rendent pas coupables de trahison lorsqu’ils grandissent non plus.
Réussir son retour, c’est comme mélanger délicatement les blancs en neige et la crème au chocolat sans en briser la légèreté, sans en ôter le soyeux, la saveur. Et même si ça ne prend pas bien, elle reste la meilleure mousse au chocolat du monde. 
Cette histoire m’a tellement bouleversée et j’ai rencontré tant d’Anaïs sur mon chemin que depuis, j’écris pour ceux qui partent et qui reviennent en espérant que cela les aidera à surmonter ce moment difficile.

Revenir, c’est difficile : 20 conseils,ça parait beaucoup mais c’est ce qu’il faudra pour revenir au sein de votre clan, de votre cercle ou de votre famille sans que les retrouvailles tournent au drame !

Des questions sur la préparation du voyage ?

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

error

Vous aimez cet article ? Partagez-le ou réagissez !

error: Content is protected !!