Nous courons tous après le temps : plan de carrière, années d'ancienneté, période d'essai, contrat à durée déterminée, rentrée scolaire... Pourquoi ne pas marquer une pause le temps d'un voyage et redonner du sens à son temps ?
Je trouve que la vie, c’est très court et très long à la fois. Dans ces espaces découpés en mois, minutes ou décennies, nous avons parfois l’impression qu’il ne nous appartient pas toujours de choisir quoi, comment, l’endroit et l’heure. Les choses se font, on suit le mouvement. Pourtant, je pense qu’il y a un temps pour chaque chose et qu’elles arrivent quand elles arrivent.
Un jour, il devient simplement possible de construire, partir, rester, s’installer, se quitter ou se retrouver. Les portes s’ouvrent mystérieusement alors qu’elles étaient restées closes si longtemps ou à l’inverse, elle se ferment, rendant impossible un mode de vie ou une relation qui a duré des années. La lutte, l’engagement n’a aucun effet sur cette étrange pendule, il est temps, point.
Quel que soit l’âge, le profil ou le parcours, il n’y a pas d’ordre à respecter. Les moments sont propices à ou ne le sont pas, c’est tout. J’ai rencontré de jeunes génies du numérique quitter des postes très bien payés dans des entreprises prestigieuses pour faire une pause dans leur carrière. Des femmes, des hommes de tous âges, qui ont ouvert une parenthèse dans leur vie pour faire le point, retrouver un rythme de vie plus cohérent et plus sage.
Un long voyage permet de reprendre un peu les rennes de son temps et d’arrêter de courir après les horaires, les minutes et de repenser à ce que l’on veut faire de ce temps qui nous est imparti.
Avant d’opter pour cette philosophie, j’ai beaucoup couru après le temps, stressée. J’avais appris à rentabiliser mon emploi du temps et je prenais rarement du temps pour moi et lorsque c’était le cas, je ressentais toujours un pincement de culpabilité.
Comment un voyage peut aider à reprendre le pouvoir sur son temps ?
Le voyage permet de relativiser la notion du temps. Dans un endroit inconnu ou une situation inhabituelle, le temps devient plus élastique, il s’écoule alors très lentement ou alors très rapidement, c’est selon.
La sensation qu’il se passe parfois plus de choses en un seul jour que dans une vie entière par exemple. Cette tempête de sentiments arrive plus souvent en voyage qu’ailleurs parce que l’on sort de sa zone de confort, de sécurité. Les sens sont plus affûtés, plus aigus et l’absence de pression sur le temps (vite rentrer, vite travailler, vite faire les courses) permet enfin d’aller au fond des choses.
Partir pour un long voyage à donc de fortes chances d’ouvrir des portes, de réfléchir enfin à ce que l’on veut vraiment et prendre le temps dont on a réellement besoin.
Enfin, un grand voyage permet surtout de se réparer. J’ai croisé beaucoup de personnes blessées, en quête de rédemption ou de renouveau sur les routes du monde. Prendre du temps pour soi, partir quand on le souhaite, rester quand on en a envie c’est aussi reprendre le pouvoir et dire non à une vie de fourmi, pressée dans des horaires fous, des renoncements à une vie cohérente, faite d’effort certes mais aussi de respect et de temps pour soi. Car non, la vie ne doit pas être dure, routinière et sous contrôle permanent.
Dans une vie, tout ne se passe pas toujours comme prévu… heureusement !
Alors le pire dans ce programme parfait du bonheur c’est sans doute que jamais rien ne nous renverse, ne nous secoue, ne nous remette en question.
Si vous avez 50 ans ou plus, le choix d’un grand voyage peut choquer votre entourage. Changer de vie à 40 ou 50 ans pour certains, c’est un « plan de vie » à l’envers
Comme si à 50 ans, c’était le moment de rester bien sagement au port, en continuant d’oeuvrer pour sa retraite. Mais en aucun cas le moment de larguer les amarres pour un grand voyage qui va certainement chambouler une vie entière. Il est plus commun et compréhensible de faire les choses dans l’ordre et partir à 20 ans. Les études, le travail, la famille, la retraite. Enfin, au bout de toutes ces années vient le bon moment de profiter de la vie. Je trouve que ce timing très triste et très réducteur. Il est possible de perdre, de trouver et retrouver son chemin tout au long de son existence et heureusement, c’est un chemin qui sera des plus enrichissant et épanouissant.
Ces quinqua ou sexagénaires en vadrouille qui lâchent leur confort sont parfois dérangeants car dans le temps et dans l’espace, ils ne sont pas à leur place. Les réactions des autres voyageurs ou de votre entourage risquent d’être déstabilisantes mais il ne faut pas pour autant renoncer à son projet
Elle ne dort pas dans un dortoir d’hostel avec toute sa vie dans un sac-à-dos. C’est louche, c’est bizarre, c’est tordu. Ca cache quelque chose !Il ne faut pas chercher à se justifier. Ce changement de vie va en surprendre plus d’un. Mais si vous pouvez apprendre des autres, les autres peuvent aussi apprendre de votre expérience non ? Si vous êtes dans le désir de partir c’est que vous êtes prêts pour le changement. Suivez votre instinct et n’essayez pas de rentrer dans le moule, sinon vous finirez par ressembler à une tarte !
Il y a plusieurs vies dans une existence, on ne sait jamais celle qui nous attend
Ce grand voyage pour moi, c’est maintenant et ici. Après les tartes aux pommes, les cartables, les bisous fous sur les gros chagrins, l’adolescence, les CDD, les CDI…
L’aventure du voyage est venue après les autres aventures de la vie. Ce voyage, il n’était pas temps de le faire avant, ni pendant, ni après mais aujourd’hui. Sur cette route là et pas une autre.
Chaque chemin est unique, il est possible de l’inventer chaque jour. Parce que personne ne sait ce que demain nous réserve.
Le mieux que l’on puisse faire c’est aller au bout de soi, de ses rêves et d’être prêt à changer, à se jeter sur les routes du monde, le coeur et l’esprit libre, sans peur.