Quand acheter un billet de train birman se transforme en quête du Graal

Rien n’est plus simple que de prendre le train ici, encore faut-il avoir un billet !

 

La Birmanie en train, c’est un rêve d’aventurier. C’est lent, c’est long mais c’est beau et c’est une véritable immersion culturelle.
Mais parfois, il faut s’armer d’une patience incroyable pour accéder au voyage.

Après mes dix-huit heures de train, une heure de tuk-tuk sur une route défoncée, j’arrive dans une petite ville au bord du fleuve Irrawaddy, à Khata, Birmanie.
L’idée était de prendre un bateau pour Bhamo, plus au nord. Mais voilà, aujourd’hui, pas de bateau.
Demain ? Au port on me l’affirme, pas de problème, un bateau part demain matin, neuf heures. Je me présente le lendemain à l’heure dite, sac sur le dos.
Mais je fais chou blanc, pas de bateau aujourd’hui. Et en plus ils trouvent ça très  drôle.
C’est comme ça, c’est la Birmanie.
Peut-être demain…
Peut-être.
Bon ben non alors. J’irai à Myiktyina en train. Tans pis pour la balade en bateau.
Parce qu’avec des peut-être, en Birmanie…
Je me renseigne donc sur les trains.
Le propriétaire de l’hôtel me l’affirme, il y en a un qui part de Nabar (d’où je viens la veille) à treize heures tapantes.

Il me faut un transport jusqu’à la gare, fastoche : « tu vas là, là et après tu tournes à droite et tu trouveras la « bus station », tu prends un bus ou un tuk-tuk jusqu’à la gare. Une heure de route. Trois mille kyats

 

Je sais, j’ai déjà fait ça hier.
Merci beaucoup (Jésudémarai en birman).
J’ai du temps, je fais le tour de la ville, bois un café plein de marc, flâne un peu au marché.
Je repasse prendre mon sac à dos à la guesthouse, un peu en avance.
C’est une autre personne qui se trouve maintenant à l’accueil et qui m’informe que si, oui, il y a un train, il part à midi.
Donc, je suis très en retard maintenant.
Je me hâte en direction de la « bus station ». Mais, je ne trouve pas la « bus station ». Car en ce moment, il n’y a pas de bus.
Je trouve bien des tuk-tuk mais ils partent dans deux ou trois heures.
J’aurai alors loupé le train.
Je trouve des motos qui me demandent dix dollars pour aller à Nabar… autant dire un prix délirant.

Je tourne en rond pendant deux heures, interroge le policier au carrefour, le chauffeur de bus, le cafetier, la moitié de la ville y passe

 

A chaque fois la même histoire « amenez-moi à la gare s’il-vous plait » ! 

 

Et à chaque fois la même réponse : « Where do you go ? »
« A la gare ! »
« Mandalay ? »
« Non,  Myiktyina »
A chaque fois une réponse différente : pas de train, un train ce soir, un china train, un train demain, la Tour Eiffel, Zinedine Zidane…
« Thank you very much, mais please, emmène-moi à la gare, je me débrouillerai après… »
Et ben non…
Une heure plus tard, je frôle l’hystérie.
En désespoir de cause, j’attrape un policier qui m’envoie voir un tuk-tuk qui lui, veut bien m’emmener MAINTENANT à un tarif abusé mais je cède.
Finalement il ne part pas tout de suite. Il doit passer prendre les passagers du ferry qui arrive de Bhamo !
Je fulmine.

On finit par partir et je commence, enfin, à me sentir plus légère. Après une heure de chaos incroyable, de panne de surchauffe, d’embouteillage d’éléphant, la gare, enfin, comme un eldorado

 

Je rentre dans le minuscule bureau du guichetier. C’est qu’en Birmanie, si les gens ne connaissent pas les horaires de train, ils traitent vraiment très bien les touristes.
Je ne fais pas la queue comme tout le monde, non, je rentre carrément dans le bureau avec tout mon bardas.
Ca part dans tous les sens. Il y a un train qui arrive dans trente minutes. Quel bonheur ! J’achète ! Je ne cache pas ma joie.
Mais maintenant, il faut trouver le tarif, le bon. Je suis une étrangère, je dois payer en dollars et aussi plus cher. 

Je tends mon passeport, je ne suis pas inquiète, trente minutes, j’ai de la marge. Que je suis naïve ! 

 

Durant tout ce temps, mon passeport se promène de mains en mains, de cahiers en cahiers, de feuilles en feuilles… Finalement, ils finissent par trouver la bonne ligne, dans la colonne marquée « pour Christine », huit dollars s’il-vous -plait.
Avec un large sourire je lui tends mon billet de cent dollars le plus neuf.
Mais voilà, ils n’ont pas le change. Cent dollars ou bien cinq, je ne peux rien faire de mieux.
Payer en kyats ? Avec plaisir !
Mais ce n’est pas possible ! Ils sont catégoriques. Je dois être la seule étrangère qui soit passée ici depuis belle lurette.
Ça s’impatiente du côté du guichet local, les birmans aussi veulent monter dans le train qui d’ailleurs attend sur le quai qu’on veuille bien me vendre un billet… et qui siffle d’impatience.
Maintenant ça panique carrément. Le train va partir. Tout le monde s’en mêle.
La situation se décoince d’un seul coup, je paierai à Myiktyina ! Je ressors mon passeport, on me fait mon billet, à la main. Je le récupère de justesse, on m’attrape par la manche, je dois courir sur le quai, monter dans le wagon sans marchepied, jeter le sac par terre avant que les wagons ne se mettent en branle.

Je suis épuisée, complètement lessivée. Heureusement que j’ai dix heures de train devant moi pour me remettre de mes émotions.
C’est vrai, quand on voyage comme ça il faut prendre le rythme du pays, penser local !
Conseil aux futurs aventuriers : si vous avez un avion à prendre, prévoyez large !

Envie d'aventures ?

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

error

Vous aimez cet article ? Partagez-le ou réagissez !

error: Content is protected !!