Voyager n’est pas toujours confortable, mais l’aventure, c’est plus précieux que le luxe

En voyage, le vrai luxe, c’est l’aventure !

 

J’ai atterri dans de nombreux endroits du monde. Parfois le pays, la ville ou le village n’offrent que des logements spartiates. Ou alors il faut payer payer le prix d’un cinq étoiles. 
Cela parait parfois miteux, et ça l’est, mais le séjour reste inoubliable.
J’ai dormi sur des paillasses, sur le sable, dans des gares entourée de vaches promeneuses et de familles nombreuses sans domicile. Une cabane en feuilles de palme sur la plage, un sous-sol aménagé en dortoir ou collée à mon chameau (qui sentait le chameau) pour me protéger du vent glacé du désert.
Ai-je souffert ? Non, pas du tout.
Parce que l’important ce n’était pas d’avoir du confort mais d’être là-bas. 

Superbe hôtel en bord de plage, Koh Lanta, Thaïlande

 

Merry Beach resort, ça sonne bien.
Sur la carte que me montre la patronne revêche de l’agence, le « resort » se trouve sur la côte est de l’île, celle où il y a les plages.
Merry Beach Resort. Elle me sort des photos de bungalows entourés d’arbres, de fleurs. Elle m’explique aussi que les bungalows sont dans la forêt et ne donnent pas sur la mer mais que la plage est à deux pas.
A ce prix là, je ne prends pas de risques.
C’est parti mon kiki.

Merry Beach Resort, me voilà !

 

J’arrive. Pas de réception à proprement parler. C’est en fait un drôle de bar circulaire, construit à la tronçonneuse et décoré de coquillages-cendriers, de flotteurs multicolores transformés en abat-jour, de vieilles caisses avec des drapeaux reggae qui en font le tour, des morceaux de bambous porte-carte, porte-verre… en bref, les rebuts maritimes. 
Un décorateur de génie à mis des loupiotes un peu partout, posé des étoffes aux couleurs jamaïcaines trouées sur les estrades en grosses planches brutes et inégales, punaisé des photos de Bob Marley aux troncs d’arbre qui soutiennent le tout.
L’effet est très réussi dès que la nuit tombe, avec quelques bières dans le nez, c’est encore mieux.
Evidemment, la petite sono ne diffuse que du reggae.
Le bar est en fait un petit espace où trônent des bouteilles d’alcool à cocktail vides pour la plupart, juste derrière, à même le sol, un gros congélateur qui ne congèle plus pour les bières et les bouteilles d’eau. Et partout ailleurs un bazar indescriptible. Le sol sablonneux est jonché de détritus en tout genre.
Ne demandez ni Téquila sunrise ni punch d’aucune sorte au Reggaeman Bar, demandez une bière et vous serez sûr d’être servi.

Le soir venu, tout le monde, à savoir la famille au sens thaïlandais du terme donc très élargie, se retrouve sur les estrades, mange à son rythme, ce qui se trouve là. Ça boit et fume beaucoup, vautré sur des coussins à la propreté douteuse.
Des pétards de la taille d’un bâton de dynamite circulent, c’est la fête au village.
Passons aux bungalows.

Bungalow privatif, vue sur le jardin : le grand luxe

 

Alors là, les bungalows…
Une dizaine de maisonnettes en coco tressé. Toit en tôle ondulé. Sol en béton recouvert d’un adhésif criard qui n’adhère plus à grand-chose, mix de plusieurs motifs et couleurs possibles, ils devaient être à court de matériaux. Le lit est comme toujours ici très dur mais propre même si les draps sont troués un peu partout.  Un ventilateur mural ventile bien mais n’oscille pas. Une moustiquaire accrochée au plafond, complètement excentrée par rapport au lit, attend d’être défaite pour la nuit. Des rideaux roses à volants d’un goût des plus vulgaires ornent les deux fenêtres.
Une petite étagère en bambou et un miroir piqué forment l’ensemble du mobilier.
Voilà pour la chambre.

Chambre avec salle de bains privée : le seul luxe c’est qu’elle est privée

 
La salle de bains.
Ça va être vite fait. Un WC sans chasse d’eau (seau d’eau et cuvette fournis), un lavabo sans siphon, un tuyau de douche (froid uniquement) accroché au mur, un porte-serviette, une étagère en plastique tordue (donc sur laquelle je ne pose rien, sinon ça se casse la figure).
Tout cela tient dans vingt mètres carrés.
Une petite terrasse avec vue sur le jardin, deux chaises en plastique, une petite table, un cendrier.
Une corde à linge, deux prises électriques qui fonctionnent, un drôle de paillasson.
Serviettes fournies.
 

Mais en fait à bien y réfléchir, j’ai bien plus qu’une chambre, j’ai une aventure

 
J’ai aussi une armée de geckos planqués sous le toit, des crapauds énormes, dont un qui est resté coincé dans un trou de la cloison et que j’ai délogé à coup de seaux d’eau.
Un chat noir étonnement soyeux, affectueux et ronronnant.
Des cafards grands comme mon petit doigt qui tapent le carton, le soir dans les petits recoins. Je vois leurs antennes fines toutes agitées qui dépassent un peu partout du bas des murs et je crois bien qu’ils parlent de moi.
Des insectes inconnus, volants, rampants, vrombissants.
Des fourmis sur tous les murs de la salle de bains.
Et des moustiques.
 

Et puis j’ai aussi d’autres compagnies. Son nom est Lee, Mister Lee

 
 Le propriétaire de mon bungalow super luxe est un rasta pur jus prénommé Lee.

Un mètre soixante-dix, taillé dans un tuyau d’arrosage (petit diamètre) il arbore  fièrement des dreadlocks tentaculaires aussi douces qu’une botte de paille.
Visage anguleux, taillé à la serpe, yeux bridés malicieux, très souriant, très spontané et nom d’un chien, vraiment très, très cool. 
Pas angoissé par la vie pour un bath.
Mister Lee est cuisinier, musicien, artiste et père de deux enfants, si ce n’est pas plus.
Il m’explique fièrement que son père est aussi musicien, qu’il a connu Bob, le grand l’unique Bob et que son groupe se produit un peu partout en Thaïlande.

Super vous dites-vous, où peut-on réserver cet hôtel de rêve ?

 

Hé bien, cessez d’ironiser bande de pantouflards embourgeoisés !
La plage est à quelques pas, immense et blanche, quasi déserte.
Le sable est doux, la mer chaude, le soleil incandescent.
Je prends mon petit déjeuner tous les matins face à la mer dans un restaurant d’artiste, servie comme une princesse par un ladyboy qui m’appelle « honey ».
Mister Lee me prépare des plats thaï délicieux le soir et vient manger avec moi.
Toutes les personnes du Merry Beach sont d’une grande gentillesse. Toujours prêtes à aider et désarmantes de sincérité. Toujours souriants, ils offrent le café sans présenter l’addition, m’amènent partout en scooter, me grave des CD de reggae gratos et font des efforts surhumains pour me parler en anglais.
Mister Lee se propose même, chaque soir de chasser les moustiques sur mes jambes nues (seulement les jambes !) en m’appelant « My Darling ».
C’est sûr, je ne voudrais être ailleurs pour rien au monde.

Le voyage, c'est l'aventure !

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