Pourquoi choisir un dortoir plutôt qu’une chambre ?

On me demande souvent comment je fais pour voyager comme ça aussi longtemps. Les personnes qui me posent cette question savent que ce qui compte le plus lourd dans un budget voyage, c’est le logement. Ils ont en tête les prix des hôtels qui s’affichent sur les sites de réservation à 50, 80 ou 100€ la nuit. Lorsque je voyage, je choisis des hostels, guesthouse ou auberges de jeunesse. Ces établissements contrairement aux hôtels proposent des dortoirs pour un prix modique (de 4 à 12€ la nuit) parfois avec le petit déjeuner compris. Ils sont en majorité confortables, propres et souvent bien situés.
Mais voilà, pour la plupart des gens et plus particulièrement les voyageurs de mon âge, dormir dans un dortoir c’est l’enfer pur et simple.

Les dortoirs souffrent d’une triste réputation. Elle est sans doute héritée de l’armée, des chambres de famille nombreuse surpeuplée, des pensionnats d’avant-guerre et sûrement… des camps de réfugiés !

Sachez qu’il n’en est rien et je m’en vais vous conter pourquoi en traitant ces objections que j’entends à longueur d’année : bruit, sécurité, promiscuité et toutes ces autres mauvaises représentations que nous avons des dortoirs.

Vous êtes de nature inquiète ou paranoïaque ?

Cet article s’arrête donc pour vous ici. Cohabiter en général et plus particulièrement en dortoir demande un état d’esprit serein et une certaine ouverture d’esprit. 
Si vous êtes effrayé par les autres, investissez 1500€ pour 2 semaines de voyage dans un palace étoilé, avec une chambre fermant à double tour, un chauffeur certifié et faites la tournée des attractions majeures du pays sous haute sécurité.
C’est votre voyage et je vous souhaite de tout cœur d’avoir un jour l’occasion de découvrir que la bienveillance est bien plus présente chez l’être humain qu’on ne vous l’annonce au JT de 20h.
Je considère le monde dans ce qu’il a de meilleur et j’ai surtout fait moisson de choses positives qui se sont passées en voyage. J’ai rencontré 99% de bonnes personnes, comme vous et moi et très peu de personnes mauvaises ou dangereuses.
Mais pourquoi e pas continuer la lecture ? Je fais le pari de vous faire changer d’avis sur les dortoirs !

Les dortoirs, c’est glauque : les dortoirs sont victimes d’une mauvaise image

Non, non et non. Les dortoirs, c’est très convivial ! Les dortoirs sont des lieux où l’on a la possibilité de vraiment rencontrer d’autres voyageurs. C’est souvent là et dans les pièces communes que l’on fait connaissance. On se groupe pour faire des excursions, on échange des infos, des astuces et parfois on fait un bout du voyage ensemble.

Les dortoirs, c’est inconfortable : des lits en fer, des matelas défoncés, on imagine souvent les dortoirs des années 40 !

Non, non et non. Les dortoirs, ça peut être tout aussi confortable, propre et très agréable qu’une chambre standard.
J’ai dans ma liste quelques hostels formidables qui proposent des lits d’un grand confort dans des chambres propres, claires, équipées de sanitaires éblouissants de propreté et tout ça pour 10€ la nuit en plein centre-ville. 
La plupart des établissements dans lesquels je séjourne sont plutôt de bon standing selon moi. Bien sûr je ne suis pas une maniaque du détail et je suis prête à faire des compromis. Si parfois la cuisine ou les espaces communs sont chaotiques et peu chaleureux alors quel’ambiance est sympa ou que l’hostel est bien placé, je garde le focus sur ce qui est positif ! La seule chose avec laquelle je ne transige pas, c’est la propreté ! Lorsque ce n’est pas le cas, je change d’auberge pour trouver un dortoir qui me convient !

Dans les dortoirs, la sécurité contre le vol n’est pas garantie : pas plus qu’ailleurs !

C’est souvent une objection de poids : « si tout le monde peut rentrer et sortir de la chambre, on peut me voler mes affaires ou les utiliser à mon insu ! ». En théorie oui. Mais en pratique c’est assez rare. Il faut éviter de laisser traîner des objets précieux et bien les ranger. En général, la plupart des hostels sont équipés de casiers à cadenas ou à code où vous pourrez ranger appareils photo, argent et carte de crédit. Il existe aussi parfois des tiroirs sous les lits qui peuvent être verrouillés. Si aucune de ces possibilités n’existe, demandez simplement au propriétaire ou au gérant de garder vos petits trésors dans un de ses tiroirs jusqu’à votre retour.
Quant à vos vêtements ou effet de toilette, je n’ai encore jamais été victime de vol pour ce genre de chose. Rangez bien vos affaires et produits dans votre sac, ne laissez rien dans les parties communes (réfectoire, salon, salle de bains), il y a peu de chance qu’un mauvais coucheur s’entiche de vous voler votre déodorant ou votre survêtement.

Dormir avec des inconnus, c’est dangereux et désagréable : 99% des voyageurs optant pour les dortoirs sont comme vous et moi (sympas et inoffensifs)

Non, non et non. Les adeptes des dortoirs sont des gens normaux. J’ai parfois cohabité avec des personnalités étonnantes mais aucune ne s’est révélée être dangereuse. Aucune agression sexuelle, aucune baston et je n’ai personnellement été victime d’aucun vol crapuleux. Parfois, mais plus rarement, une remontrance ou un différend sur le bruit mais vraiment rien de grave qui ne se soit réglé par une demande ferme et plus rarement une engueulade.
Il y a bien des histoires qui circulent sur un voisin de chambrée profitant du sommeil ou de la proximité de sa jolie voisine pour profiter de la situation mais il est rarissime de se retrouver face à ce type de personne. En y réfléchissant, pour un pervers, un dortoir est vraiment le dernier endroit ou perpétrer une agression puisqu’ils se trouvent d’autres personnes autour susceptibles de porter secours.
Il est bien sûr impossible de dire que cela n’arrivera jamais mais ce n’est pas pour autant qu’il faut fuir les dortoirs. En cas de soucis, il suffit de demander de l’aide aux responsables comme dans n’importe quel hôtel.
J’ai parfois rencontré des mal-élevés qui faisait un raffut d’enfer au milieu de la nuit en rentrant de soirée, des filles hystériques très éméchées et même un frappadingue qui a tenu le dortoir éveillé toute la nuit. Si cela est arrivé, c’était exceptionnel. Je persiste à dire que sur ces 6 années passées dans ces lieux de communauté, le taux de problèmes doit flirter avec le 0.5%.
Pour finir, je ne suis pas sûre que ces déboires ne seraient pas arrivés dans un hôtel « normal ». On rencontre des gens stupides partout, même dans les lieux prestigieux !

Des dortoirs mixtes ou des dortoirs non-mixtes ?

Mesdames soyez rassurées, il existe parfois la possibilité de réserver un dortoir pour fille. Si la proximité de ces messieurs vous inquiète, vous vous sentirez certainement plus en sécurité. Beaucoup d’établissement proposent des prix différents selon la taille de la chambre et le nombre de lits. Il existe des dortoirs à 6, à 8, à 12… à vous de choisir ! 

Le bruit et l’odeur, dans les dortoirs c’est terrible ! : C’est vrai, mais ce n’est pas aussi fréquent qu’on l’imagine

Certes, dormir avec parfois 15, voire 25 colocataires de dortoir est quelquefois épique.
Chaussures puantes, manque d’hygiène, fromage oublié dans un sac et surtout ronflements sonores font parfois partie des mauvaises surprises. Mais comme le vol ce n’est pas si fréquent !
Pour le bruit, des bouchons d’oreilles devraient vous assurer de passer une nuit tranquille dans les bras de Morphée.
Question odeur, il faut parfois mener l’enquête dans le dortoir et aller demander des comptes. Ce n’est pas facile pour tout le monde, c’est vrai (on me demande souvent à moi d’aller demander aux récalcitrants du savon d’aller se laver) car très souvent personne n’ose aller se plaindre. Mais il est très rare que la demande ne soit pas entendue. Si la situation est insupportable, allez vous plaindre auprès du gérant. Tout comme pour un hôtel où le bruit du voisin vous empêche de dormir, faites de même à l’auberge de jeunesse.

Au final, il ne faut pas avoir peur de s’affirmer et de se lever pour exiger que quelques abrutis passent leurs portables en mode muet ou chuchotent tout bas plutôt qu’à voix haute par respect pour les voisins endormis. Encore une fois, ces comportements ne constituent pas la majorité. Même si je déplore une augmentation d’incivilités depuis quelques temps, tout cela reste largement gérable.

Faire le choix d’un dortoir est généralement financier, c’est son atout majeur : un lit en dortoir c’est très bon marché

Pourquoi payer si cher pour passer si peu de temps dans une chambre d’hôtel dix fois plus chère qu’un dortoir ?

Relativisons : on ne passe pas sa journée dans sa chambre ! Si vous êtes à l’étranger, sauf si vous êtes un criminel en fuite, vous êtes là pour voir du pays, explorer la ville et aller voir dehors comment ça se passe.
Vous utilisez donc la chambre seulement pour y dormir. Dans votre chambre ou dans le lit de votre dortoir, vous y passerez peu de temps, alors s’il n’est pas digne du Ritz mais reste propre et confortable, cela n’a aucune importance.
Si vous souhaitez profiter de plus de confort comme un espace ou travailler ou une salle commune plus agréable, vous trouverez tout cela dans un bon café-restaurant.

Le seul soucis à envisager concernant les dortoirs pour les voyageurs séniors : la limite d’âge !

La première fois que l’on m’a refusé l’accès à un dortoir, ce fut à Paris, ma ville natale ! Heureusement pour cette fois, j’ai négocié ferme et j’ai réussi à me faire accepter dans le dortoir. Cette situation m’a beaucoup secouée car lorsque j’ai demandé pourquoi l’hostel imposait une limite d’âge, on m’a répondu : « on préfère éviter les problèmes« . 
Hélas, ce cas de figure s’est répété, deux fois de suite en Israël.
Depuis, je dois me montrer d’une grande prudence et soigneusement lire toutes les règles de l’établissement pour être sûre d’être acceptée. 
J’espère que cette pratique ne tendra pas à se développer car les dortoirs ont le vent en poupe partout à travers le monde. De plus en plus d’hôtels de bon standing aménagent quelques unes de leurs chambres en dortoir, parfois même un étage entier. 
Ces professionnels ont compris les attentes de cette nouvelle clientèle nomade de tout âge et proposent de très bons services. 
Les dortoirs et hostels devraient être des endroits accessibles à tous. On y rencontre tout type de personnes et c’est justement ça qui intéresse les grands voyageurs.
Dans mon hostel préféré d’Athènes, je partageait le dortoir avec Poppy, une canadienne de 72 ans, Eddy un irlandais de 57 ans et toute une ribambelle de nomades plus jeunes venus des quatre coins du monde dans une ambiance formidable.
Alors, c’est quoi cet ostracisme anti-vieux ?

Les hostels et les dortoirs sont presque toujours des endroits chaleureux et confortables, je l’affirme mais en plus on y fait de vraies belles rencontres

Les clients de ces établissements sont un peu comme vous, à la recherche de personnes avec qui faire connaissance, passer une soirée, partager des conseils ou des aventures de voyage. En général, tout le monde se retrouve dans les espaces communs autour d’un verre ou d’une part de pizza.
Dans les dortoirs, on fait connaissance avec les voisins, on s’emprunte du shampoing, on se donne des bons plans ou des bons conseils sur les villes alentours, les choses à vraiment voir et les attrape-touristes à éviter. Parfois aussi on se lie d’amitié et on partage un bout du voyage ensemble.
Cela peut paraître étonnant mais même si j’avais un budget illimité pour le voyage, je continuerai à fréquenter les hostels et les dortoirs. Je préfère la communauté aux espaces privés. Je préfère la compagnie des autres à la solitude triste d’une chambre vide. Je préfère l’espace ouvert aux portes fermées. Même si les dortoirs demandent un effort d’adaptation et de tolérance, voyager de la sorte permet aussi d’apprendre le partage !