Des chenilles à croquer !

Un petit ragoût de chenille ça vous dit ?

 

Dans mon enfance on chantait à la cantoche : c’est bon, c’est chaud, c’est gluant, ça croque sous la dent ! Du rab, du rab ! À cette époque, aucun de nous ne savait ce qu’il se passait à l’autre bout du monde à l’heure du déjeuner. J’imagine que si nous l’avions su, nous aurions mangé avec délice notre fameuse langue de bœuf bouillie et notre horrible ratatouille… Heureusement dans la vie, tout finit par arriver et je jure sur la tête de la maitresse d’école que les chenilles, c’est vraiment bon.

Alors, quelle est cette chenille croustillante et savoureuse ?

Cette chenille est connue sous le nom commun de Mopane ou Madora. Sur un marché zambien, on l’appellera muyaya mais son nom scientifique est Gonimbrasia belina. Mopane est le nom de l’arbre dont elle se nourrit principalement cette grosse chenille chaque printemps. Lorsque la chenille a suffisamment engraissé et qu’elle est assez grande, elle tombe de l’arbre et s’enfonce dans le sol pour se nymphoser et se transformer en papillon. À cette époque de l’année, il pleut vraiment des chenilles et les habitants n’ont plus qu’à les ramasser. 

La chenille de Mopane, source de protéines, est menacée de toutes parts

Cette récolte providentielle n’est pas sans conséquences. La chenille étant exceptionnellement riche en protéines, les cueilleurs ont parfois la main lourde. Moralement, le nombre de chenilles va diminuer. Mais même sans surexploitation à des fins alimentaires, la belle Madora est victime de l’abattage du bois : pas d’arbres, pas de chenilles.

Si vous parvenez à surmonter votre répulsion culturelle, vous découvrirez une nourriture riche en goût, en protéines et autres ingrédients sains

On peut les acheter sous forme déshydratée sur les marchés africains, enveloppée dans un cône de papier journal. Attention, ce sont de grosses chenilles, de la taille du pouce d’un adulte. Moins de 200 g de chenilles séchées peuvent nourrir une famille et fournir plus de protéines que la viande, qui est parfois difficile à trouver dans ces certaines régions.

Recette de ragoût de chenilles : trop facile à préparer !

Pour bien les cuisiner, il faut les réhydrater en les laissant dans l’eau au moins une nuit, puis de les faire bouillir pendant 10 à 15 minutes. Ensuite, il suffit de les jeter dans la casserole et de les accommoder avec toutes sortes de légumes. Elles deviennent alors tendres dans la poêle, mais restent encore un peu croquantes sous la dent. 

En Afrique, elles sont traditionnellement accompagnées de Nshima et relevées de piment (très fort). Il n’existe pas de véritable recette. En ville, on les trouve frites mais à mon sens elles perdent de leur saveur et leurs qualités nutritives. 

A chacun sa chenille, sa grenouille, son escargot ou son serpent

Il est très amusant d’observer les étrangers grimaçant devant ce mets ancestral. Ils trouvent la saveur infecte, la consistance à vomir ! Mais ce n’est pas le cas, je vous l’assure. Il s’agit juste d’une interprétation culturelle, traditionnelle.

Pour certains africains, les artichauts tels que nous aimons les déguster, feuille à feuille, est totalement écœurant. Et que dire au reste du monde qui s’étrangle de voir le pays de la gastronomie cuisiner et se délecter d’une chose aussi répugnante qu’un escargot ou qu’une grenouille ?  
Surmontez votre appréhension et goûtez à ces belles chenilles juteuses et tendres, je suis sûre qu’elles raviront votre palais !

Faites voyager vos papilles !

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