Esteros del Ibeirà, toute la poésie des marais argentins

Quelque part en Argentine se trouve une zone marécageuse, immense, magnifique et secrète. Si Guillaume ne m’avait pas dit « Christine, il faut absolument que tu ailles voir ça », je serais royalement passée à côté de ce trésor

 

Cette visite se mérite un peu car pour s’y rendre ce n’est pas du gâteau ni de la tarte. Il faut trouver un chauffeur avec une jeep et ça coûte un peu. Traverser des pampas pleines de fiers gauchos et arriver dans un village tiré au carré.
Pas d’asphalte ni de supermarché ici, juste des maisons alignées les unes à côté des autres, deux épiceries et si je me souviens bien, un bar.
Lorsque je suis arrivé là-bas, il pleuvait et c’était pitié de se retrouver là, à déambuler dans les rues de terre battue désertées de toute vie.
Pour ma chance, il devait se tenir le lendemain un congrès sur les oiseaux, quel bol ! me dis-je. Hélas ! Les rares lits libres ont été pris d’assaut. 

Il m’a fallu du temps, de la patience et beaucoup de sourire pour trouver une minuscule chambre chez l’habitant à un prix correct. De toute façon, je ne pouvais rien faire d’autre, aucun transport de disponible ici

 

La soirée fut lugubre, mais avec un livre et une lampe frontale, on ne s’ennuie jamais.
Le lendemain, coup d’envoi du festival des ornithologues. Des tentes partout, des ballons, des scientifiques qui parlent préservation, protection de nos amis ailés.
Je m’engage pour un tour en barque sur les marais et la, aïe aïe aïe, quel spectacle !
Des paysages tranquilles, pleins de reflets, une étendue immense sur laquelle on glisse doucement.
Juste le temps qu’il faut pour observer les crocos immobiles comme des statues, les oiseaux élégants perchés sur leurs longues pattes, les cerfs gracieux qui se baignent, les capibaras stoïques et le soleil qui s’éteint dans un concert polychrome de rouge, orange et bleu. Les ombres s’étirent, le soleil couchant se reflète dans les yeux fixes des sauriens… je regrette de ne pas avoir le talent d’un poète pour décrire ce spectacle ! 

De retour sur terre, après avoir festoyé avec les guides, les responsables du tourisme en tout genre, je suis repartie faire une balade de nuit dans les marais. Je ne me souviens pas en l’occurrence d’avoir vu de remarquables bébêtes sinon, des capibaras endormis et des tatous furtifs mais, bénie par la chance, j’ai pu assister à un lever de pleine lune d’une rare beauté.
Quelle élégance, quelle simplicité. Nous étions tous là, chuchotant à peine pour ne pas troubler l’instant, cette lune divine, lumineuse, bienveillante de son halo nacré dans le ciel d’encre, le chant net d’un oiseau dans le lointain… Un moment aussi rare, j’en ai cinq ou six dans toute ma vie.

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