Entre Banaue et Manille, toute une nuit dans une station service

Rien d’insurmontable : il faut seulement rejoindre un aéroport à pied en pleine nuit, à la saison des typhons… aux Philippines

Je suis aux Philippines depuis presque 4 semaines, c’est la saison des typhons. Je me trouve dans le Nord, à Banaue. Comme toutes les bonnes choses ont une fin, il faut que je me rende à l’aéroport de Clark où prendre un avion pour Bangkok.
Il y a bien un bus de nuit qui fait la route jusqu’à Manille. Mais Clark est à 100 km au nord de la capitale et je refuse fermement d’y aller. La dernière fois que je m’y suis retrouvée, l’aéroport ressemblait à une île. La ville était complètement inondée et il m’a été très difficile d’en sortir.

Non, non et non, je ne veux pas aller à Manille !

Je négocie durement avec l’employé pour obtenir de lui qu’il accepte de me déposer en route, à 100 km environ de l’aéroport. Mais ce sera au milieu de la nuit, vers 2h du matin.
Nous nous embarquons dans un très beau bus vers 22h. Il y fait plus froid qu’en Pologne et je commence à me battre avec le chauffeur au bout d’une demi-heure de voyage. Je me lève, je proteste pour qu’il baisse la clim, il obtempère en grognant, je vais me rasseoir. Il remet la climatisation à fond au bout de 20mn, je me lève, je proteste et ce petit jeu dure toute la nuit. Ça fait beaucoup rire les 4 bretons que j’ai rencontrés a la gare routière.

Je surveille bien mon GPS histoire d’être sûre que le chauffeur ne m’oublie pas. Je le soupçonne de ne pas avoir la moindre idée de l’endroit où il a promis de me déposer

A toute chose malheur est bon. Je grelotte et j’ai un mal fou à dormir. Vers 2h du matin, je vais voir Monsieur le chauffeur afin de faire le point GPS. Je vois tout de suite à son expression qu’il n’y pensait plus du tout. Je le tranquillise, super GPS dit que nous avons encore 20km.
Il arrête le bus peu de temps après. Mais ce n’est pas là, c’est encore à 10 km. 
Monsieur le chauffeur aurait-il envie de se débarrasser de moi ? Non, il appelle discrètement quelqu’un pour confirmer qu’il doit bien me faire descendre au milieu du voyage.
Je reste assise près de lui, surveillant la route jusqu’à ce qu’enfin, nous abordions un grand carrefour qui parait être le bon.
Je tire mon fidèle sac-à-dos de la soute. Le chauffeur me jette un regard incrédule qui se traduirait clairement par « cette femme est folle ». Je m’aperçois alors qu’il est vraiment inquiet pour moi. Il fait tout son possible pour me trouver un véhicule, il attend qu’une voiture arrive, passant par là par hasard et qui pourrait m’emmener loin de ce no-man’s-land.
Les petits bretons tentent mollement de me retenir de quitter le bus, ils me fixent un peu comme si je m’engageai dans le couloir de la mort.
« Bonne chance et bon voyage dans ton frigo » sont mes dernières paroles de condamnée. Ha ha ha.

J’ai de la chance, il ne pleut pas. Il ne fait même pas froid

Je commence à marcher un bon kilomètre dans la nuit calme. J’ai beaucoup de chance. Il ne pleut pas et malgré l’heure tardive, je trouve un tuk-tuk. Je réveille gentiment le propriétaire pour qu’il me conduise en ville et il s’exécute. Il me dépose devant l’arrêt ou s’arrêtera mon bus pour l’aéroport dans environ 7 heures. 
« Sais-tu ou je pourrai boire un café, utiliser des toilettes et attendre tranquillement que le jour se lève ? ». Il acquiesce, tend le bras : « Gas station ». Voilà une bonne idée ! La station-service ! Hop hop hop, on y va.

Un garde armé jusqu’au dent et des compagnons éméchés : voilà la meilleurs compagnie possible pour attendre que le jour se lève

Devant la station-service, je suis accueillie par 5 fêtards en état d’ébriété confirmée. Je pose mon sac dans le magasin et demande un café. Le veilleur de nuit, sanglé dans son uniforme de para semble sortir du collège. Il n’en tient pas moins dans ses petits bras musclés un fusil d’assaut impressionnant.
Les fêtards vont me tenir compagnie jusqu’à l’aube et le gentil gardien va veiller sur moi toute la nuit. Café, bonbons, gâteaux et rigolade au menu.
Un peu groggy mais toujours solide sur mes jambes, j’attrape le premier bus pour Clark vers 9h du matin. 

Moralité : quand je vous dis que le monde n’est pas aussi dangereux qu’on le croit, c’est vrai !

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